jeudi 18 novembre 2004

Le train attendu avec impatience dans la Province Orientale

Isiro/Paulis (PO), gare CFU en 2003SYFIA/Vital pour l'économie du Nord-Est est en cours de réhabilitation. Son redémarrage permettra la relance des activités agricoles et commerciales de toute la région.

Près de 200 km du Chemin de fer des Uele (CFU), qui relie la ville de Bumba (EQ) à Mungbere (PO), 830 km plus loin, ont été remis en état. Exécutés par des agents du CFU et des Sud-africains de la compagnie Toyeba, les travaux de réhabilitation de la voie ferrée suscitent beaucoup d'espoir auprès des populations de la région. Fini, le transport des produits vivriers à dos d'homme sur de longues distances. La reprise du trafic va permettre d'évacuer les produits agricoles vers les centres urbains et d'approvisionner les milieux ruraux en produits manufacturés.

Wagons marchandises du CFU à Isiro/Paulis PODémarrés au mois d'avril 2004, les travaux de dégagement de la voie sont cependant bloqués au pont Nobi, sur la rivière Isiro. Cet ouvrage a été détruit durant la guerre par des creuseurs artisanaux de diamant. Ce qui inquiète le représentant du CFU à Isiro, Kasongo Tshimankinda. "La réfection de ce pont nécessite des fonds importants pour les travaux de génie civil, notamment la maçonnerie et le retraçage", explique-t-il.

En attendant l'intervention de l'état, la direction de la société a entrepris une campagne de recouvrement forcé de ses créances auprès des opérateurs économiques de la région. Mais, comme le déclare le président de la Fédération des entreprises du Congo FEC/Isiro, Célestin Bekabisa, ces derniers ne peuvent pas grand chose. "Ils ont pour la plupart fait faillite avec la chute du CFU", dit-il, "mais nous tenons à la reprise du trafic."

Le chemin de fer reste vital pour les hommes d'affaires de la région. Il y a 10 ans, Isiro était la plaque tournante du négoce du district de l'Ituri. Elle produisait des milliers de tonnes de café. Depuis l'arrêt du train, ces hectares de café sont envahis par des herbes sauvages. Et les paysans, faute de débouchés, déboisent ces anciennes plantations pour en faire des champs de manioc.

Pillages et vandalisme
Le redémarrage du Chemin de fer des Uele reste donc un enjeu de taille. Mais beaucoup reste à faire. À Isiro même, la gare du CFU ressemble à un cimetière: bâtiments vétustes, matériel roulant presque hors usage, personnel vieillissant, voie ferrée envahie par endroits par des termitières et une végétation luxuriante… Les quelques locomotives rouillées encore visibles à la gare datent des années 1990.

Depuis l'arrêt des activités, le Chemin de fer a été victime d'un vaste pillage de ses infrastructures. "Le vol des buses par la population a provoqué des affaissements sur la voie ferrée", se plaint Kasongo Tshimankinda. Des agents du CFU ont aussi participé à la cannibalisation de leur entreprise, comme en témoigne Bernard Ndeke, un habitant de la ville. "Certains agents de la société volent des banderoles ou démolissent les wagons pour fabriquer des seaux et des machettes, pillent les planches pour monter des lits et des portes, tandis que du matériel mécanique et électrique disparaît la nuit…"

Camion Rail CFU au dépot de Isiro/Paulis (PO)Seul l'atelier technique de la société n'a pas été touché par ces actes de vandalisme. Ce qui a permis au CFU de survivre durant la période d'arrêt des activités. "Une petite prime et des soins de santé étaient assurés au personnel grâce aux travaux de réparation des véhicules des tiers ou autres effectués dans cet atelier", explique-t-on à la direction.

C'est également dans cet atelier qu'a été fabriqué un des camions-rails qui dessert les quelques kilomètres du chemin de fer encore en état. D'une capacité de 7 tonnes, le camion-rail est un véhicule routier ordinaire équipé par les techniciens du CFU pour rouler sur les rails. Il peut remorquer un wagon de 155 tonnes et sert de train de marchandises. "Le transport des personnes ne pourra intervenir qu'avec la remise en service des autorails", précise le représentant du CFU à Isiro, qui envisage l'interconnexion avec d'autres réseaux de la SNCC (Société nationale des Chemins de fer du Congo) à Kisangani.

En attendant les routes, le redémarrage des trains permet de sortir peu à peu de l'isolement des régions totalement enclavées depuis des années contribuant ainsi à la réunification du pays et au redémarrage de l'économie. Le 29 juin 2004, le trafic ferroviaire a repris entre les villes de Lubumbashi et de Kindu, réunifiant les provinces du Katanga et du Maniema restées coupées pendant sept ans. Et le 10 novembre 2004, un ancien tronçon désaffecté du réseau ferroviaire national a réouvert entre Kisangani et Ubundu (125 Km), grâce à un financement de l'ambassade de Belgique à Kinshasa.

par Flory Ngongo

jeudi 4 novembre 2004

Mambonga, Bugera et Demodelo accusés pour tracasseries et traitements cruels

DIA/Les groupe «Justice et Libération» et «Voix des Opprimés» dénoncent que la population du Haut Uele est soumise à des tracasseries et d'autres traitements cruels, inhumains et dégradants de la part des militaires et des autorités administratives. Les deux associations de défense des droits de l'homme de Kisangani et d'Isiro sont vivement préoccupées par la situation sécuritaire dans le district voisin.

Dans un communiqué de presse commun d'avant-hier, elles reprochent aux autorités politico-administratives de s'immiscer dans l'administration judiciaire, le pire des sévices est du ressort des militaires. Ceux-ci ont érigé les barrières sur les grands axes et collectent argent et vivres dans les marchés. En plus, ils imposent dans les carrières de diamant et or, l'achat de leurs marchandises à des prix élevés.

Militaires fouillent les femmes aux parties intimes
Le communiqué parle du territoire de Faradje, où l'on dénombre sept carrières. À chacune d'elles la personne à vélo paie 1,01 dollars. Le prix pour un motard est de 5$ et pour le camionneur de 10$. L'axe Faradje-Aba-Ariwara est encore plus dangereuse. Les militaires qui ponctionnent la population l'ont dénommé «Stade Kamanyola» et la population est appelée «Orange», c'est-à-dire matière à presser pour y extraire le jus. Pour cette fin, les personnes sont fouillées de fond en comble à la recherche du diamant et de l'or. Au cours de cette opération, les militaires fouillent jusqu'aux parties intimes des hommes et femmes indifféremment.

Distribution forcée de cigarettes
Dans les foyers miniers disséminés dans les territoires de Rungu et Wamba les autorités militaires y expédient les cigarettes. Les pensionnaires des sites sont obligés d'acheter au prix fort en espèces ou équivalent en matières précieuses. L'opération consiste à déposer auprès des personnes contre leur gré ces cigarettes et à leur fixer une échéance de deux à trois jours pour récupérer la valeur de vente passée.

Colonel Mambonga coupable
Selon les informations recueillies par les deux ONG, ce sont les éléments issus de l'ex-mouvement rebelle MLC qui opèrent dans le Haut-Uele. Ces hommes sont sous le commandement du colonel Roger Mambonga secondé par le major Deogratias Bugera. Le bataillon de Faradje est sous la responsabilité du major Demodelo. Les opérateurs économiques, surtout les agences de voyage, ploient sous la multiplicité des taxes. Le district perçoit une taxe variant entre 50 et 100 dollars. Le service de l'énergie taxe 10$ pour le groupe électrogène, 0,10 $ par ampère pour la batterie. L'Ofida fait payer les frais de «douane» pour les marchandises en provenance de Beni dans la province du Nord-Kivu.

Face à cette situation, le Groupe «Justice et Libération» et la «Voix des Opprimés» demandent au gouvernement de transition de prendre ses responsabilités pour que cessent ses tracasseries et de traduire en justice les auteurs de ces actes contraires aux prescrits des instruments juridiques internationaux ratifiés par le Congo.