jeudi 30 juin 2011

Ministre belge des Affaires africaines: «Éliminez Lumumba définitivement!»

Édition spéciale du 30 juin 6 pages Fc 800
«La nuit est froide, ce 17 janvier 1961, au Katanga… Dans la savane boisée, un endroit ouvert est illuminé par les phares des voitures de police. Un commissaire de police belge prend Lumumba par le bras et le mène jusque devant le grand arbre. L'ex-Premier ministre congolais marche avec difficulté: pendant des heures, il a été gravement maltraité. Un peloton d'exécution, fort de quatre hommes armés de Stenguns-Vigneron et de fusils-FAL, se tient en attente, alors qu'une vingtaine de soldats, de policiers, d'officiers belges et de ministres katangais regardent en silence. Un capitaine belge donne l'ordre de tirer et une salve énorme fauche Lumumba.»

Le gouvernement belge de Gaston Eyskens était début 1961 le commanditaire et le bourreau du Premier ministre d'un pays africain indépendant. C'est ce qu'affirme sans détour le sociologue belge Ludo De Witte dans un livre très fouillé et bien documenté, L'Assassinat de Lumumba.

L'histoire des quarante dernières années du Congo s'est jouée entre le 30 juin 1960 et le 17 janvier 1961. Les événements dramatiques qui ont marqué les sept premiers mois de l'indépendance du Congo belge ont déterminé toute son histoire de 1960 à nos jours. Comme l'indique l'historien Elikia M'Bokolo, «la mort de Lumumba a apporté trente-deux ans de mobutisme à l'ex-Zaïre.» Un système démocratique bien installé a été renversé, auquel on a substitué un pouvoir dictatorial et néocolonial, soutenu par l'ancienne puissance colonisatrice, la Belgique, et les pays occidentaux. Un mouvement sécessionniste (Katanga, Sud-Kasaï) appuyé par ces derniers avec la complicité des Nations unies a gravement affaibli le premier gouvernement du leader nationaliste Patrice Lumumba.

C'est le 30 juin 1960 que le Congo-Léopoldville devient indépendant. Des élections ont eu lieu pendant le mois de mai, et ont été remportées par le Mouvement nationaliste congolais (MNC) de Patrice Lumumba. Il forme son gouvernement, qui obtient le soutien de la Chambre et du Sénat congolais. Le poste, honorifique, de président du pays revient au chef du parti Abako, Joseph Kasa Vubu. Le moment fort de ces journées demeure le discours prononcé par Lumumba. «Ce fut un discours incendiaire», se souvient, quarante ans après, le sociologue camerounais Romuald Fonkoué, «J'étais collégien à l'époque. Nous avions tous les oreilles collées aux récepteurs radios.» Dans son allocution qui n'était pourtant pas prévue, le nouveau Premier ministre dénonce la période coloniale et son corollaire de brimades, d'injustices, de racisme, puis il rejette l'idée selon laquelle l'indépendance a été octroyée à son peuple. Il annonce aussi haut et fort son projet politique: «Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir les lois d'autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.»

Le gouvernement de Lumumba, qui commence aussitôt à appliquer à la lettre son programme nationaliste - notamment en africanisant son armée -, inquiète l'ancien colonisateur. Le 5 septembre 1960, le président Kasa Vubu, discrètement soutenu par la Belgique, démet le Premier ministre. Mais le Parlement soutient Lumumba. C'est le début d'un bras de fer. Le 14 septembre, profitant de ce conflit d'autorité, le colonel Mobutu, alors chef d'état-major, fait son premier coup d'Etat. Le Congo entre dans la période la plus trouble de son histoire.

Déjà, le 11 juillet, Moïse Tshombe a proclamé la sécession de la province la plus riche du pays, le Katanga, avec le soutien et la bénédiction de la Belgique, qui a envoyé des troupes au Congo. Lumumba fait appel aux Nations Unies: le Conseil de sécurité décide d'envoyer des Casques bleus à la place des soldats belges. Mais l'ONU, dirigée par le Suédois Dag Hammarskjöld se comporte comme un allié de l'ancien pays colonisateur. Commentant ces événements, De Witte écrit : «Bruxelles et les autres puissances occidentales opérant sous la couverture des Nations Unies voulaient à tout prix renverser le gouvernement nationaliste de Lumumba et installer un régime néocolonial, plaçant ainsi le pays à la merci des trusts et des holdings, qui, depuis des décennies déjà, le dominaient.»

Lumumba, qui n'est pas dupe, décide de rompre avec Hammarskjöld à qui il écrit le 15 août: «Vous avez entièrement acquiescé aux exigences des Belges, formulées par la voix de M.Tshombe. Vu tout ce qui précède, le gouvernement et le peuple du Congo ont perdu leur confiance au secrétaire général des Nations unies.»

Le leader nationaliste devient l'homme à abattre. Le 26 août 1960, avant même que la Belgique ne songe à l'éliminer physiquement, la CIA met sur pied un plan visant à le tuer. Motif: il serait communiste et risquerait de devenir un second Fidel Castro. Puis, le 10 septembre, c'est au tour de Bruxelles de décider de «mettre Lumumba hors d'état de nuire». Les mots sont de Pierre Wigny, ministre des Affaires étrangères du royaume. L'opération «Barracuda» est lancée. Et le 6 octobre, Harold d'Aspremont Lynden, ministre belge des Affaires africaines, exige «l'élimination définitive de Lumumba.»

Quatre jours plus tard, Lumumba est placé en résidence surveillée à Léopoldville. Le plan de la CIA et l'opération «Barracuda» des Belges sont alors annulés. Mais le 27 novembre et contrairement à toute attente, le dirigeant congolais parvient à s'enfuir et cherche à rejoindre ses fidèles à Stanleyville. Les soldats de Mobutu se lancent à sa poursuite. Dès lors, les jours du leader nationaliste sont comptés. Il lui reste à peine plus de cinquante jours à vivre. Sa fuite prend fin le 2 décembre. Et le 17 janvier 1961, il est assassiné au Katanga.
Quel rôle a joué la Belgique dans ces événements? De Witte accuse d'abord l'ONU de n'avoir pas empêché l'arrestation du dirigeant congolais, qui bénéficiait pourtant de l'immunité parlementaire. Ensuite, il accuse la Belgique d'avoir ordonné le transfert de Lumumba et de ses deux proches collaborateurs, Mpolo et Okito, vers le Katanga, ce qui signifiait leur arrêt de mort. Enfin, il dénonce la responsabilité de l'ancienne puissance coloniale, à travers les officiers belges, dans l'exécution du crime.

Quelques semaines après le meurtre de Lumumba, le ministre belge des Affaires étrangères nie toute implication de son pays. Si des Belges y ont pris part, - laisse-t-il entendre à la Chambre belge en février 1961, ils étaient sous les ordres des autorités congolaises et non de Bruxelles: «Ce n'est plus notre Congo, mais le Congo indépendant qui décide de son destin. Ces officiers [belges, ndlr] dépendaient, au point de vue du pouvoir hiérarchique, de l'autorité locale.» C'est ce que soutient Jacques Brassinne dans sa thèse de doctorat confidentielle présentée en 1991. D'après lui, «à aucun moment un officier ou sous-officier belge n'était intervenu dans la liquidation physique.»

De Witte s'oppose catégoriquement à cette version des faits. Selon lui, «la réalité est bien différente.» Il cite à cet effet une note confidentielle du major Weber, un des acteurs belges du drame, dans laquelle ce dernier dira quelques mois plus tard: «1. Je suis officier. Il est évident que si le gouvernement me donne un ordre, je n'ai qu'à m'incliner. 2. J'ai toujours fait savoir que je me considérais ici comme défendant une ‹présence belge› en Afrique.»

Le sociologue belge accuse: «Ce sont bien des conseils belges, des directives belges et finalement des mains belges qui ont tué Lumumba…Le gouvernement belge de Gaston Eyskens est directement responsable de l'assassinat du Premier ministre congolais.» Il ajoute que la Belgique a bénéficié du soutien ou de la complicité de l'ONU et des États-Unis. De Witte accuse par ailleurs les autorités de son pays d'avoir «étouffé» pendant près de quarante ans la vérité: «Une fois le gouvernement Lumumba éliminé, on a essayé d'arracher aux Africains l'histoire même de ce renversement… on a voulu empêcher que sa vie et son travail deviennent une source d'inspiration pour les peuples africains.»

Ilingi: Archives Itimbiri ya Sika; Raoul Peck

jeudi 16 juin 2011

L’Afrique a cédé 60 millions d’hectares de ses terres en 2009

L’Oakland Institute dénonce les fonds spéculatifs et les caisses de pension, qu’il accuse de créer la volatilité dans la production et les prix des produits agricoles.

En achetant ou en louant des vastes superficies de terres en Afrique, les fonds spéculatifs et les caisses de pension sont responsables de la volatilité de la production et des prix agricoles. Sonnant la charge, Frédéric Mousseau, directeur politique de l’Oakland Institute aux États-Unis, affirme qu’en 2009 pas moins de 60 millions d’hectares de terres, soit l’équivalent de la superficie de la France, sont passés sous leur contrôle, contre une moyenne de 4 millions d’hectares par année auparavant. «Les négociations avec les États ont lieu dans une totale opacité, alors même que les implications concernent directement la production alimentaire dans le monde», dénonce-t-il en marge de la publication mercredi d’un rapport intitulé «Understanding Land Investment Deals in Africa».

Le rapport révèle aussi que l’accaparement des terres qui se fait en violation des règles ne rapporte aucun bénéfice aux populations locales. Par contre, ce phénomène est synonyme d’expulsion de millions de petits paysans de leur terre ancestrale. Il implique aussi le remplacement de cultures traditionnelles par les cultures de rente, notamment pour la production des biocarburants ou de fleurs coupées.

«Les mêmes entreprises financières qui ont conduit à la récente récession dans le monde en créant la bulle immobilière aux Etats-Unis par des montages financiers risqués et opaques refont les mêmes manœuvres avec la production agricole mondiale», poursuit Frederic Mousseau.

Les chercheurs dévoilent certaines conditions dans lesquelles les transactions sont négociées. «Un investisseur interviewé explique que parfois une bouteille de John­ny Walker et des promesses de création d’emplois suffisaient pour entrer en contact avec un chef de tribu», raconte Anuradha Mittal, directeur d’Oakland Institute. Le rapport donne des détails par rapport à de nombreux pays, notamment le Mali, la Sierra Leone, le Mozambique, la Tanzanie, le Soudan et l’Ethiopie. Ce dernier pays d’Afrique de l’Est accorde de vastes concessions aux étrangers mais, paradoxalement, il est aussi le plus grand bénéficiaire de l’aide alimentaire américaine. Selon ce rapport, le prix d’achat revient à entre 2 et 12 dollars par acre. Dans la plupart des cas, les terres sont louées pour de longues périodes allant jusqu’à 99 ans. Dans d’autres, notamment en Sierra Leone, les étrangers peuvent devenir propriétaires à 100%.

par Ram Etwareea

BRAZZAVILLE: 80 000 HECTARES LOUÉS
irin/
En remettant plus de 80.000 hectares de terres en friche à quelques dizaines de fermiers sud-africains, les autorités de du Congo-Brazzaville sont confiants qu'ils sauront améliorer considérablement l'expertise agricole domestiques et réduisent la dépendance chronique du pays sur les importations de produits alimentaires.

«En termes de la nutrition, nous sommes dans un état constant de besoin», a déclaré le ministre de l'Agriculture et de l'Elevage Rigobert Maboundou. «C'est pourquoi nous donnons ces terres, pour être travaillé par les locals et pour bénéficier de l'expertise sud-africaine.» Il a dit qu'il était essentiel de rendre les terres agricoles à ceux qui pourraient investir dans ce secteur.

«Le Congo-Brazzaville a été à l'attente d'une initiative d'investissement comme celle-ci, à la création des milliers d'emplois. Le pays s'attend à la nourriture abondante puisque les agriculteurs sud-africains produisent des cultures et élevent du bétail», a déclaré le ministre des Affaires foncières et des domaines publiques Pierre Mabiala.

Les 40 agriculteurs louent les terres appartenant au gouvernement pendant 30 ans, avec la fourniture de le prolonger de deux termes.
(EMP)

jeudi 9 juin 2011

Plus de 6000 déplacés sans soutien officiel

OKP/Plus de six mille déplacés vivent dans des conditions précaires, selon un conférence de presse de hier mercredi de la société civile locale de Dungu.

Ces 6000 refugiés sont maintenant dans une dizaine de villages notamment 61 PK, Bamangana vers Doruma et Nambikili a plus de 50 kilomètres de Dungu. Ils vivent dans des conditions très précaires. Selon le président de la société civile, les refugies n'e recoivent pas d'aide à cause des attaques régulières des terroristes sur les routes qui relient les villages.

Les déplacées aimeraient bien aller dans leurs champs, mais ils ne peuvent pas s’y rendre par peur de représailles des hommes armés. Sans accès aux champs et sans aide humanitaire, la situation est très précaire. La société civile demande que l'aide humanitaire soit escorté par des militaires et des casques bleus de la Monuc.

Pour le bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) à Dungu, le principe humanitaire n’autorise pas la distribution des vivres dans les régions insécurisées. (Pour ne pas mettre en danger la vie des forces armées et de la Monuc?)

Pour l’administrateur du territoire de Dungu, l’activisme terroristes de groupe LRA a diminué d’ampleur grâce aux efforts des FARDC et de la Monuc même si la situation n'est pas du tout devenu stable.

par Esperence Monoko Polele

jeudi 2 juin 2011

Mbuta: Jésus nous envoye à reprendre notre mission; Dieu avec nous, jusqu’à la fin

Kasi bokozwa nguya, tango Molimo Mosántu akokitela bíno; mpé bokozala ba temwe na ngai na Yeruzalemi, na Yudea mobimba, na Samariya, mpé kino na suka ya mokili. Sima ya koloba makambo oyo, Yésu amemamakí na Likólo na tango bazalakí kotala ye; mpé lipata ezipakí ye na miso na bango.

Lokola bazalakí kaka kotala na likólo ndenge Yésu azalakí komata, na mbala moko bato mibale balatakí bilamba ya pembe batelemakí pembeni na bango mpé balobaki: Bato ya Galileya, mpo na nini botelemi awa mpé bozalí kotala na likólo? Yésu oyo amemami kati na bíno mpo na kokende na Likólo, akozonga kaka ndenge bomoni ye akeyi na Likólo. (Misála 1, 8-11)

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Comme il a été demandé par Jésus aux femmes, le matin de la résurrection, les disciples se rendent à la montagne de Galilée. La montagne est un endroit élevé qui symbolise un rapprochement du ciel où Dieu se manifeste d’une façon particulière, en même temps qu’un éloignement des préoccupations terrestres. On ne précise pas le nom de la montagne: c’est comme si Jésus voulait dire que, désormais, nous le retrouverons toujours en nous rapprochant de lui sur une «montagne» (que nous pouvons construire dans notre cœur) et qui nous isole des préoccupations quotidiennes.

Jésus est au rendez-vous. Il est remarquable que certains ont encore des doutes. La foi, c’est un don… ça suppose un abandon total pour accepter un événement comme celui de la Résurrection. Désormais on aura toujours du mal à reconnaître Jésus qui prendra le visage du pauvre, du malheureux, du rejeté… Ce n’est que par la foi qu’on pourra être assuré d’entrer en contact avec lui.

C’est comme si Jésus transmettait ses pouvoirs à ses disciples pour qu’ils puissent poursuivre son œuvre. Jésus commence par leur faire remarquer qu’il est le dépositaire (parce qu’il est Dieu) de tous les pouvoirs qui existent au ciel et sur la terre.

De cette montagne, Jésus envoie ses disciples convoquer l’Église, pour la réunir dans le Royaume depuis les quatre coins du monde. Personne n’est exclu de la parole et de cette participation à la vie de la famille divine : la communion dans le baptême avec le Père, le fils et le Saint Esprit.

Les disciples doivent se mettre en route («Allez donc...» Mt 28,19). Il faut évangéliser le monde entier. Le rite d’initiation, c’est le baptême… qui consiste à plonger les nouveaux disciples dans l’amour trinitaire. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit représentent l’amour qui doit animer les nouveaux chrétiens afin qu’ils puissent marcher sur les traces de Jésus.

Comme dans tout organisme, les nouveaux initiés doivent s’engager à observer des commandements (amour de Dieu et du prochain).

Aujourd’hui, comme les onze disciples sur la montagne, nous l’adorons et réaffirmons notre obéissance à son commandement missionnaire. Il semble absent, mais il est en réalité toujours présent parmi nous. Voici pourquoi il s’est fait homme, dans le sein de la Vierge Marie: pour être l’Emmanuel, Dieu avec nous, jusqu’à la fin du monde.

commentaire par sango Gilbert Mika, ssp