jeudi 8 décembre 2011

Comment Kabila a triché:
Les résultats du 28 novembre

EPM/Tout le monde attend les résultats. Les voilà, même avant la CÉNI. Ceux qui font l'addition sur place peuvent se tromper de quelques voix. Ceux par contre qui ont dix jours pour une simple addition, ce sont les tricheurs.

La CÉNI a dû faire semblant de compter, mais en réalité de faire la fraude, comme prouvent les chiffres, que nous publions ici sur la tôle et que nous affichons devant la rédaction. Pendant que la CÉNI a fait son travail, plusieurs avions ont livré d'autres bulletins avec des voix suplémentaires pour le président sortant; des dizaines de milliers de bulletins se sont perdu à Lubumbashi, etc. etc.

par Esperence Monoko Polele


Il est moins une à Kinshasa

Les mots manquent pour qualifier la gravité de la situation qui prévaut actuellement au Congo. La commission électorale congolaise s’apprête à annoncer la victoire du président sortant Joseph Kabila sur la base de résultats frauduleux rejetés par la majorité des Congolais, jetant ainsi les bases du conflit le plus meurtrier qui puisse advenir, celui qui oppose un appareil d’État à sa population.

L’Occident, qui depuis dix ans dépense plus d’un million de dollars par jour pour la restauration de la paix et de l’État de droit au Congo, via la mission de maintien de la paix des Nations unies, s’apprête à valider ces résultats, signant ainsi l’échec de sa propre politique.

Les tendances déjà publiées par la commission électorale qui donnent la victoire à Kabila ne résistent pas à l’analyse. Par exemple, au Katanga, censé être le fief traditionnel de Kabila, la CÉNI donne près de 90 % des voix à Kabila alors que le jour du scrutin, les chiffres qui parvenaient des bureaux de vote disséminés dans les grandes villes de cette province donnaient seulement une légère avance de Kabila sur son rival Étienne Tshisekedi. Au Kivu, les chiffres donnent une écrasante majorité à Kabila
alors que le jour du scrutin, c’est l’opposant Kamerhe qui y était largement en tête.

Dans les provinces de l’ouest et du centre qui ont voté massivement pour Tshisekedi, les chiffres sont incomplets ou peu crédibles.
La fraude est grossière et tous les observateurs de la vie politique congolaise le constatent.

En réalité, les journalistes qui ont travaillé sérieusement sur ces élections et ont fait la tournée des bureaux de vote ont noté des tendances lourdes qui augurent de la victoire de Tshisekedi.

La population congolaise non plus n’est pas dupe. Lors des élections de 2006, la capitale Kinshasa n’avait pas plebiscité Kabila. Cependant les Kinois avaient accepté les résultats, comprenant que Kabila avait remporté la majorité des suffrages ailleurs dans le pays. Ils exprimaient ainsi avec sagesse l’espoir que ces élections marquaient le début d’un développement économique au Congo.

Aujourd’hui, les choses sont totalement différentes. Les électeurs congolais savent que Kabila n’a pas remporté l’élection. De plus, les révolutions arabes et, plus au sud du Sahara, le conflit en Côte-d’Ivoire avec l’invalidation par la communauté internationale des résultats frauduleux prononcés par la Cour suprême ivoirienne ont renforcé la conviction des Congolais dans leur lutte pour un Etat de droit.

Par ailleurs, Kabila, qui avait promis lors de son élection «la fin de la récréation», a en réalité bradé les ressources minières du Congo, mettant les entreprises d’État, notamment la MIBA, qui possède les immenses mines de diamant au Kasai, et la Gécamines, qui possède les gisements du Katanga, à genoux, créant, selon le rapport très précis du député britannique Eric Joyce, chef de la commission parlementaire britannique consacrée à l’Afrique centrale,
un trou dans la caisse de plus de cinq milliards de dollars en à peine cinq ans, soit autant que le pillage organisé par Mobutu en 32 ans de règne sans partage!

Enfin, les électeurs congolais voient en Tshisekedi un leader charismatique, dont l’intransigeance certes inquiète parfois hommes politiques et diplomates occidentaux habitués à plus de déférence de la part de leurs interlocuteurs congolais, mais qui porte à son crédit le fait d’avoir mené
une longue lutte pacifique et sans compromis pour l’émergence d’un État de droit au Congo, ce dont aucun autre homme politique congolais ne peut se prévaloir.

Face à cette situation explosive, la question de la position de l’Occident, et plus particulièrement de la Belgique, se pose avec acuité. Il est essentiel pour nos relations futures avec le Congo que la Belgique, elle aussi, réalise que l’époque a changé, et évite l’écueil dans lequel est tombée la France en Tunisie en ne voyant pas la révolution venir et en faisant perdurer un soutien à un régime autoritaire digne d’un autre âge. Rappelez-vous comment l’ambassade française en Tunisie avait ensuite été critiquée par Paris ! On assiste à une situation semblable au Congo, où les ambassadeurs occidentaux soutiennent Kabila face à un Tshisekedi qu’ils jugent imprévisible. Un jugement qui rappelle celui que l’Occident proférait envers le Premier ministre congolais Patrice Lumumba au moment de l’indépendance du Congo.

C’est pourtant en notre nom que les ambassadeurs agissent. Ce sont nos taxes qui leur permettent de mener sous les tropiques un mode de vie dispendieux. Nous avons droit à des explications sur leurs actions. Pourquoi apportent-ils un soutien tacite, sinon actif, au coup de force que prépare Kabila, comme on l’apprend de différentes sources à Kinshasa? Au nom de quelles valeurs? De quels intérêts? Est-ce de nature à sécuriser les intérêts de la Belgique et la présence des ressortissants belges au Congo ? Je ne le crois pas. Au contraire! Les temps ont changé et il est essentiel que la Belgique le comprenne sans tarder.

Il faut aussi que la Belgique mobilise ses alliés traditionnels au Conseil de sécurité des Nations unies: la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, et imprime une politique commune sur le Congo, comme elle l’a fait avec succès lors du tortueux processus politique qui a mené aux élections de 2006 au Congo.
Il faut faire comprendre de toute urgence à Kabila que son coup de force et les massacres qui s’ensuivront immanquablement ne seront pas avalisés et qu’il est de son intérêt de sortir par la grande porte tant qu’il en est encore temps. Il a l’occasion d’entrer dans l’histoire comme le premier Président ayant permis l’alternance politique au Congo. Cela sera à son crédit et lui permettra peut-être de revenir aux affaires ultérieurement par la voie des urnes, comme on l’a déjà vu ailleurs en Afrique.

Lorsque le Congo a traversé des moments difficiles, la Belgique a souvent été en pointe. Il est important qu’il en soit ainsi en ce moment crucial et que notre ministre des Affaires étrangères agisse.

Il en va de l’avenir du Congo et de l’avenir de nos relations avec le pays africain le plus peuplé appelé, s’il est bien géré, à devenir un pôle de développement pour l’Afrique et d’expansion économique pour l’Europe.

Commentaire par Arnaud Zajtman
correspondant permanent au Congo de RTBF, Bruxelles et BBC, Londres


Les Résultats du 28 movembre 2011

Prov. Kabila Tshisekedi
CÉNI BIÉPD_ CÉNI BIÉPD
BC 19.9% 11.1% 74.0% 69.3%
KN 29.6% 11.0% 64.5% 74.0%
BN 72.9% 27.0% 20.3% 59.0%
EQ 11.8% 24.8% 34.1% 49.6%
PO 64.7% 39.0% 12.7% 36.0%
NK 37.7% 36.1% 12.8% 27.1%
SK 49.8% 27.0% 5.2% 20.0%
MN 87.0% 47.9% 2.3% 44.9%
KT 87.5% 42.0% 8.9% 41.0%
KO 16.7% 5.0% 80.4% 89.0%
KE 21.0% 7.0% 75.9% 87.4%
CD 46.6% 26.1% 36.2% 52.8%
Explications:
Nous mettons en comparaisons les résultats officiels (bien probablement fraudés) de la CÉNI (en rose) avec ceux compilés directement d'après les procès verbals affichés aux bureaux de vote et publié par le Bureau International des Études pour la Paix et le Développement (BIÉPD) au Canada.

Nous avons en plus coloré en vert les résultats qui semble bien d'être juste. De petits différences ne sont pas a éviter. Ce qui est en orange reste dans une marge de moins de 10% de différence. Pour le reste (en blanc ou rose), la différence entre 11% jusqu'à 1000% (en rouge) prouve que les résultats sont faut.


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L'Église catholique ne confirme pas les résultats de la CÉNI, o 8 dɛsɛ́mbɛ 2011 (abbé Donatien Nshole, port parole de la conférence épiscopale).

1 commentaire:

  1. Kakese: «Les résultats de la CÉNI sont faut»
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    Pour le candidat à présidentielle François Nicéphore Kakese Malela, le report de la publication des résultats «montre combien d’erreurs il y a eu».

    Selon lui, les résultats partiels publiés par la CÉNI sont différents de ceux que ses témoins lui ont procuré.

    «Pour preuve, je le dis officiellement notre représentant du Nord-Kivu nous avait bien précisé, selon les chiffres de toute la province, qu’on ne pourra pas atteindre 10 000 [voix] mais aujourd’hui nous avons plus de 22 000. Est-ce qu’ils peuvent nous expliquer d’où vient le surplus», a-t-il demandé.

    François Nicéphore Kakese ne croit pas que le président de la Ceni publiera «les vrais résultats» ce vendredi. Il estime que ce nouveau report ne sera utile chose que si le président de la Ceni tient compte «de tout ce qui s’est réellement passé dans les urnes».

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